Grand reporter au Point et éditorialiste sur BFMTV, Anna Cabana publie chez Grasset Quelques minutes de vérité, un livre dans lequel la journaliste a sélectionné certaines de ses rencontres avec des personnalités politiques. Des moments précis qui lui permettent d’éclairer d’une manière différente ses sujets et qui donnent aussi une lecture intéressante de ce qu’est le travail de journaliste politique.
Vingt-sept rencontres étalées sur une quinzaine d’années, des gens de gauche, des gens de droite, mais pas de Front National ni d’écologistes ni d’extrême gauche, trois femmes seulement (on est loin de la parité), quelques artistes, le tout regroupé dans de courts chapitres qui se succèdent de manière chronologique: telles sont les Quelques minutes de vérité que la journaliste Anna Cabana publie cette semaine chez Grasset.
Plutôt que des portraits fouillés et documentés comme elle a déjà pu en écrire sur Cécilia Sarkozy ou Dominique de Villepin, l’auteure a préféré choisir quelques instants parmi les nombreuses rencontres qu’elle a pu faire depuis 2001 en tant que journaliste politique. Dans un style très personnel et bien écrit, Anna Cabana remet les scènes dans leur contexte, explique et se montre pédagogue afin que le lecteur puisse bien comprendre ce qu’elle a voulu dire des personnalités qu’elle interroge. De larges extraits ont déjà été dévoilés ces dernières semaines, de Laurent Fabius qui ne veut pas parler de Carla Bruni, des piques de Xavier Bertrand lancé à NKM sur ses chaussures, de DSK qui drague Anna Cabana en plein procès du Carlton ou encore de la leçon de Nicolas Sarkozy donné à Alain Juppé sur ses terres bordelaises… Autant d’anecdotes qui donnent tout leur seul au livre, mais qui cachent un peu le plus intéressant: l’émotion que dégagent parfois ces grands fauves de la politique lorsqu’ils ne sont pas en représentation. Et comment ils encaissent, ou non, toute la violence psychologique de ce milieu.
Quelques minutes de vérité dresse aussi, en creux, le portrait de l’auteure, grand reporter au Point et éditorialiste sur BFMTV, qui se met en scène dans son récit. L’ouvrage lève ainsi le voile sur ce qu’est la pratique du journalisme politique en France. Le terrain, l’enquête, le reportage, décrocher des interviews, recueillir des verbatim, mais aussi une dimension psychologique que le grand public ne peut pas forcément percevoir. Certaines des rencontres qu’a pu faire Anna Cabana se transforment en séance de psychothérapie où le politique s’interroge, se remet en question, philosophe parfois. L’exemple le plus frappant est celui de Jérôme Cahuzac, qu’Anna Cabana décrit comme un fantôme tant il semble abattu par les épreuve qu’il a traversées. Mais le passage sur Julien Dray est assez éloquent lui aussi.
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Nous avons eu L’heure de vérité dans les années 80 et 90, où pendant toute une émission télé des journalistes tentaient de déjouer la langue de bois des personnalités politiques. Anna Cabana nous démontre avec un certain talent et tout en finesse que pour apercevoir l’âme de ces mêmes politiques, et toucher leur vérité, il suffit parfois de quelques minutes seulement.