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40 ans de Massacre à la tronçonneuse : Tobe Hooper au micro !

A l’occasion de la ressortie anniversaire de Massacre à la tronçonneuse, AlloCiné a rencontré le cinéaste Tobe Hooper, qui revient sur la genèse de ce film culte. Entretien 100% frissons.

Quand on rencontre Tobe Hooper, affable septuagénaire, à la terrasse d’un hotel cossu de Paris, difficile de se dire que c’est bien cet homme qui est à l’origine de Massacre à la tronçonneuse, considéré comme l’un des films d’horreur les plus traumatisants jamais réalisés. Et pourtant, c’est bien lui qui a signé cette oeuvre culte dont on célèbre cette année le 40e anniversaire et qui ressort en salles ce 29 octobre dans une version restaurée 4K. La genèse, la censure, le business, des anecdotes, Lars von Trier et Nicolas Winding Refn… : la parole est à Hooper, Master of Terror !

Là où tout a commencé

J’ai eu les prémices de l’idée de Massacre à la tronçonneuse dans un grand centre commercial, aux Etats-Unis. Je devais sortir de cet endroit. Une journée de shopping, c’est vraiment l’enfer ! (rires) Il y avait un monde fou, une foule dense, et j’ai vu un promontoire de tronçonneuses en soldes. J’ai réalisé que ces gens m’avaient entrainé jusqu’au rayon outillage. Je me suis dit : “Le moyen de sortir de cet endroit serait d’attraper une tronçonneuse. Là, les gens se pousseraient, je pourrais rejoindre ma voiture tranquillement et rentrer chez moi.” C’est là que ça a vraiment commencé. Beaucoup d’idées ont alors germé en l’espace de quelques minutes, quelques secondes, une fois que j’étais dans ma voiture.

Ed Gein et un drôle de médecin…

Quand j’étais enfant, des membres de ma famille m’ont raconté l’histoire du serial-killer Ed Gein, comment ils avaient capturé cet homme qui avait creusé et profané des tombes, sorti des cadavres et s’était servi de leurs os et de leur peau pour créer des choses comme des abat-jours et des dessus de meuble. Plus tard, j’ai découvert, je ne sais pas si c’est vrai, qu’il portait ce torse de femme… Bref, en tant qu’enfant, ça m’avait terrorisé. Je ne savais rien de lui jusqu’à plusieurs années après le tournage du film, mais cette image me hantait.

Par ailleurs, quand j’étais petit, je voulais être magicien, scientifique ou médecin. Quand mon médecin l’a appris, j’avais environ 10 ans, il m’a raconté que lorsqu’il était en prépa médicale, il avait dépecé le visage d’un cadavre et l’avait fait sécher pour en faire un masque qu’il avait porté pour la fête d’Halloween de son école. Cette image s’est mélangée avec celle de l’homme creusant les tombes. Il y a plusieurs choses comme ça qui m’ont terrorisé étant enfant. Ensuite, c’est l’alchimie psychologique qui a fait le reste et qui  a donné l’histoire de Massacre à la tronçonneuse…

Marilyn Burns
C’était formidable de travailler avec Marilyn Burns. Le film comptait pour elle aussi et ça ne la dérangeait pas que je la pousse dans ses retranchements. On refaisait parfois 17 fois la même scène. Quand elle défonce la porte de la station-essence par exemple… Elle tombait et je ne me souviens pas si on avait les moyens de lui payer des genouillères. Je la poussais de manière à ce qu’elle soit dans une situation inconfortable et devienne vraiment hystérique. Dans cette scène, d’ailleurs, elle était tellement hystérique qu’elle n’avait pas réussi à dire les répliques assez vite. On avait dû la refaire encore une fois de plus et, là, elle était encore plus hystérique !

De vrais os

Ce sont de vrais os dans le film, pour une raison que je trouve intéressante : un vrai squelette était moins cher qu’un squelette en plastique… On l’avait acheté à une entreprise médicale qui l’avait fait venir d’Inde. Il y avait tellement de lumière pour éclairer le plateau que les os ont commencé à cuire sous la chaleur, et l’odeur qui s’en dégageait rendait tout le monde malade. Quand je criais “cut”, les acteurs se précipitaient à la fenêtre pour respirer.

Petit budget pour grand film

C’était compliqué de travailler avec peu d’argent, mais j’avais tourné un paquet de documentaires et de pubs et je savais travailler avec un petit budget. Ron Bosman, mon directeur de production, qui a ensuite travaillé sur Le Silence des Agneaux, était vraiment bon et ça n’a pas coûté tant que ça. Beaucoup de gens travaillaient pour 50 dollars la semaine puis étaient payés en fonction des recettes du film. Juste après avoir fini le film, les premières recettes étaient deux fois et demi supérieures au budget. Donc, tout le monde a pu être payé et gagne encore de l’argent avec les suites… C’était un challenge de tourner avec peu de moyens, mais je savais que je devais le faire. Pour la scène du dîner, par exemple, on a tourné 27 heures d’affilée sans que personne ne dorme. Je n’avais pas besoin de dormir à l’époque, je savais que j’étais en train de faire quelque chose de différent.

La censure

J’ai appelé la Motion Picture Association of America (MPAA), qui s’occupe la classification des films, pour leur demander comment faire de mon film un film tout public, pour qu’il évite la censure. Ils m’ont dit que je ne pouvais pas. J’ai demandé : “Et si je suggère tout ? Elle est sur un crochet que vous ne voyez pas, et même si elle pend au-dessus d’une bassine qui est là pour récupérer le sang, vous ne voyez pas de sang, rien.” Je ne suis pas parvenu à les convaincre, et pourtant, j’ai tenté des trucs : par exemple, derrière elle, dans la cuisine, le papier peint est du papier de boucher avec du sang séché devenu marron. S’il avait été rouge, ça aurait suggéré du sang frais… Mais bon, malgré la censure, Massacre à la tronçonneuse reste aux yeux des gens un film culte.

La relève de l’horreur

J’aime beaucoup Melancholia de Lars von Trier. J’aime également Valhalla Rising de Nicolas Winding Refn, un cinéaste brillant. C’est cette peur que j’expérimente aujourd’hui et qui me plaît.

La bande-annonce de “Massacre à la tronçonneuse” – version restaurée 2014 :

Massacre à la tronçonneuse Bande-annonce VO – version restaurée 2014

 

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