Alors que le laboratoire Gilead qui développe cette molécule antivirale affirme que ses effets sont positifs sur les patients gravement touchés par le coronavirus, une étude chinoise contredit ces résultats et conclut à son inefficacité.
Sommaire
- Un délai de guérison raccourci
- 5 jours de traitement suffiraient
- Une étude chinoise contradictoire
- Une piste qui reste prometteuse
Après la
chloroquine, l’espoir du remdesivir ? Développé par le laboratoire Gilead initialement pour traiter la
maladie à virus Ebola, cet antiviral a rapidement rejoint les autres
molécules candidates au traitement contre le CoVid-19 sur le banc d’essai. Et ses résultats, rapportés dans le cadre d’une étude mondiale contrôlée versus placebo menée par les Instituts de santé américains (NIH), seraient “positifs”, a affirmé dans une lettre ouverte1 parue le 29 avril Daniel O’Day, CEO de Gilead.
Un délai de guérison raccourciMenée sur 1063 patients présentant une
forme sévère de l’infection à CoVid-19, l’étude a montré que les participants ayant reçu du remdesivir voyaient leur temps de rétablissement accéléré de 31% comparés à ceux ayant reçu un placebo. “Plus particulièrement, le délai moyen de rétablissement était de 11 jours pour les patients traités par remdesivir contre 15 jours pour ceux ayant reçu un placebo”, peut-on lire dans le communiqué des NIH2. On entend par rétablissement la fin de l’hospitalisation ou le retour à des activités normales. Les effets du remdesivir sur la survie des patients ne sont pas aussi significatifs mais sont tout de même encourageants, le taux de mortalité du groupe traité par la molécule étant de 8% contre 11,6% pour le groupe placebo.5 jours de traitement suffiraientPar ailleurs, une autre étude de phase 3 menée par le laboratoire démontre que “les patients ayant reçu le traitement pendant 10 jours ont présenté une amélioration clinique similaire à celle observée chez les patients ayant reçu le traitement pendant 5 jours”. Des résultats qui ont une implication importante, puisque cela “permettrait d’augmenter significativement le nombre de patients pouvant être traités avec notre stock actuel de remdesivir, a affirmé dans un communiqué3 le docteur Merdad Parsey, médecin en chef de Gilead. Il s’agit d’un point particulièrement important en période de pandémie qui permettrait aux hôpitaux et aux soignants de traiter plus de patients nécessitant une prise en charge urgente.”Une étude chinoise contradictoireMais le même jour, une équipe chinoise a publié une étude4 sur le remdesivir dans la revue scientifique The Lancet avec des résultats nettement moins positifs. Menée également en double-aveugle avec un placebo, elle a montré que “le traitement par remdesivir n’accélère pas la guérison ni ne réduit la mortalité liée au CoVid-19 par rapport à un placebo”.Néanmoins, les chercheurs ont fait part des limites de leur étude : “Ce n’est pas l’issue que nous espérions, mais il faut avoir en tête que nous n’avons pu enrôler que 237 patients sur un objectif de 453, car l’épidémie avait été maîtrisée à Wuhan”, a affirmé dans un communiqué l’autre principal de l’étude, le professeur Bin Cao.Une piste qui reste prometteusePour le laboratoire Gilead, la piste du remdesivir est donc prometteuse. “Il y a encore beaucoup d’efforts à fournir et le remdesivir n’est pas un médicament autorisé, rappelle Daniel O’Day. Cependant, nous tous chez Gilead sommes encouragés par ces résultats prometteurs et ce qu’ils pourraient signifier pour les patients. Après des années de recherche et de travail très important sur le remdesivir, nos équipes sont aujourd’hui heureuses que leurs efforts aient été utiles.”D’autres études devraient voir le jour. “Nos équipes vont mener des recherches pour potentiellement permettre l’accès au traitement d’une population de patients plus large, en recherchant d’autres formulations et modes d’administration. Nous discuterons également avec d’autres entreprises pour explorer comment le remdesivir pourrait être associé à d’autres traitements”, a-t-il conclu.