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Nouveaux anticoagulants oraux : des biologistes médicaux alertent sur les risques

Le Syndicat des jeunes biologistes médicaux a alerté la ministre de la Santé, Marisol Touraine, sur les risques induits par des prescriptions injustifiées et excessives de nouveaux anticoagulants oraux (NACO), en remplacement des anti-vitamine K(AVK) qui nécessitent un suivi plus contraignant.

Les médecins biologistes alertent sur les risques liés aux nouveaux anticoagulants oraux.

Les NACO : le nouveau Mediator ?“, le titre du

communiqué du Syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM) a de quoi interpeller. Par cette lettre,  le SJBM veut attirer l’attention de la ministre de la Santé sur l’utilisation des

nouveaux anticoagulants oraux, des médicaments apparus depuis quelques années et qui sont prescrits en prévention des problèmes de coagulation : embolie, infarctus, phlébite, AVC… dans les mêmes indications que les anti-vitamine K (AVK).NACO : des indications normalement limitéesLe principal atout des

NACO (

Pradaxa ®,

Xarelto ®,

Eliquis ®) réside dans leur facilité d’emploi : pas de surveillance de la coagulation par des examens de laboratoire répétés par rapport aux AVK. Accueillis avec enthousiasme par certains spécialistes, ils n’ont cependant pas été jugés comme un progrès important (ASMR V) par la Haute Autorité de Santé (HAS). Autre sujet d’inquiétude, si les deux traitements (AVK et NACO) peuvent provoquer des hémorragies internes, les plus récents ne possèdent pas d’antidote en cas de problème, à l’inverse des AVK.Face à ce problème et compte-tenu d’un recul moins important vis-à-vis de ces molécules, les conditions de prescription de ces nouveaux médicaments ont été précisées par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui craignait un risque potentiel de mésusage.L’agence rappelait que même si l’adaptation des doses n’est pas nécessaire dans beaucoup de cas, il existe un réel risque hémorragique en cas d’insuffisance rénale, chez les patients âgés et chez ceux ayant un faible poids corporel. Par ailleurs, des interactions médicamenteuses ont été identifiées et des associations contre-indiquées ou déconseillées sont listées pour chaque NACO. L’ANSM a même précisé les cas des patients chez qui les NACO ne doivent pas être utilisés et qui peut être résumée comme suit :

  • Patients bien équilibrés sous AVK ;
  • Thromboses extensives ou multiples ;
  • Patients cancéreux ;
  • Patients porteurs de valves cardiaques ;
  • Patients avec une insuffisance rénale sévère ou insuffisants hépatiques ;
  • Risque hémorragique important ;
  • Femmes enceintes ;
  • Femmes allaitantes.

Le SJBM dénonce des prescriptions injustifiées et un risque plus important pour les patientsDébut du mois de septembre, l’ANSM a même réitéré ces conseils dans

un courrier aux médecins les mettant en garde contre les risques hémorragiques de ces nouvelles molécules. Mais selon le Syndicat des jeunes biologistes médicaux, ces réserves n’ont pas suffi : “Sur le dernier trimestre 2012, parmi les 100 000 patients entreprenant un traitement anticoagulant, 57 % se sont vu prescrire un NACO en première intention. Par ailleurs et dans le même temps, les switchs d’un traitement par AVK vers les NACO ont concerné 35 000 patients, dont 35 % de personnes âgées de plus de 80 ans (rapport au ministre chargé de la Sécurité sociale sur l’évolution des charges et des produits de l’Assurance maladie au titre de 2014)“.Pour le Syndicat des jeunes biologistes (SJBM), ces chiffres résultent de prescriptions souvent injustifiées au regard des recommandations officielles (qui déconseille les substitutions chez des patients équilibrés sous AVK). Ce qui entrainerait un risque pour les patients : un risque hémorragique comparable aux AVK avec le désavantage de ne pouvoir neutraliser l’effet d’hémorragie faute d’antidote en cas de problème. Enfin, le SJBM rappelle que le coût mensuel de ces traitements est de “76 € par rapport à 12,5 € pour les AVK, surveillance biologique incluse“.Une différence de prix qui entraîne des soupçons, selon lesquels les laboratoires pharmaceutiques pourraient faire pression sur les médecins pour qu’ils prescrivent ces nouveaux médicaments plus onéreux. Mais pour avoir tous les éléments, rappelons que cette alerte émane d’un syndicat de biologistes médicaux, des professionnels en charge des examens réalisés pour le suivi des patients sous AVK (des examens de laboratoire que ne nécessitent pas les NACO).Des mesures de surveillance déjà en vigueurFace à cette situation, le SJBM alerte la ministre et l’interroge sur “les mesures de santé publique et de sécurité sanitaire à prendre d’urgence afin d’éviter tout prochain scandale du médicament, et notamment sur l’intérêt d’inscrire les NACO sur la liste des médicaments à prescription d’exception afin que toute instauration de traitement soit médicalement justifiée et qu’un recul suffisant sur ces nouveaux traitements anticoagulants et les accidents liés soit permis“.Au niveau européen, ces médicaments font l’objet d’un projet de gestion des risques. En France, ces médicaments font déjà partie de ceux bénéficiant d’une surveillance renforcée par l’ANSM. Les volumes des ventes de ces molécules sont également particulièrement suivis.David BêmeSources :

Communiqué du syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM) – 20 septembre 2013

Nouveaux anticoagulants oraux Eliquis (apixaban), Pradaxa (dabigatran), Xarelto (rivaroxaban) : mise en garde sur les facteurs de risques hémorragiques – Lettre aux professionnels de santé – ANSM – 12 septembre 2013
Les anticoagulants en France en 2012 : états des lieux et surveillance. ANSM, juillet 2012.

 (Rapport disponible en ligne)
 Mise au point sur les nouveaux anticoagulants. Lettre d’information No 26, janvier 2013. Laboratoire BIO67-BIOSPHERE.

(Document disponible en ligne) 
 Fiche des caractéristiques du produit Xarelto®
 Fiche des caractéristiques du produit Eliquis®
 Fiches des caractéristiques du produit Pradaxa®
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