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Pourquoi Jean d’Ormesson fait l’unanimité

Il publie un nouveau livre aux éditions Gallimard Je dirai malgré tout que cette vie fut belle… Secrets d’un optimiste jamais contrarié, ni contrariant.

Pourquoi d’Ormesson fait-il l’unanimité?

Dire de Jean d’Ormesson qu’il incarne l’esprit français est un pléonasme. Pas un discours de sa part, lorsqu’on a la chance de l’écouter lors d’un gala ou d’une remise de prix, sans que les convives se lèvent à la fin pour ovationner son brio. Et qu’importe si les ficelles de ses anecdotes sont parfois un peu les mêmes, l’écrivain dont le nom est tatoué sur le corps du chanteur Julien Doré, 33 ans, est toujours l’homme providentiel qui accompagne le plus élégamment les coupes de champagne qui se portent aux lèvres grâce aux propos délicieux qu’il distille tels des euphorisants.

Bref, la légèreté est un art et c’est le sien. L’an passé il confiait au JDD : «Je suis devenu une marque comme les bas nylon ou le Coca-Cola. Beaucoup m’ont vu plutôt que lu». Il est, en effet, de notoriété publique qu’il a appliqué le «positive thinking» à l’américaine avant même que le concept ait été énoncé ou qu’il a su multiplier à l’oral, excellent « client » des émissions de télévision, des listes de petits bonheurs fulgurants avant même que son confrère Philippe Delerm ne les égrène par écrit avec succès.

Enfin, celui qui a toujours rassemblé les suffrages au point de devenir académicien à l’âge record de 48 ans, en 1973, se garde bien d’avoir la maladresse ou le courage, c’est selon, de se faire des ennemis, là où toutes sortes d’amitiés ont le don de le porter aux nues. Pourquoi se desservir quand on peut être si largement plébiscité? Cela vaut pour tout le concernant. Y compris en politique. Tantôt le voici évoquant son amitié avec François Mitterrand qui le convoqua le jour même de son départ de l’Elysée et avec lequel il entretenait régulièrement des discussions uniquement littéraires puisque leurs bords politiques divergeaient. Il en a dit: «J’avais beaucoup d’affection pour lui, il était merveilleusement intelligent». Tantôt en ce début janvier c’est Nicolas Sarkozy qui lui fait la faveur d’un petit mot enregistré dans l’émission d’Anne-Sophie Lapix C à vous, les fleurs se lançant alors tous azimuts entre les deux hommes. D’Ormesson loue la clairvoyance de ce dernier : «Il dit ce qu’il pense et il pense vite» tandis que l’homme d’Etat lui jette à la figure le simple mot de «génie».

En ce 6 janvier 2016, le prolixe Jean d’Ormesson vient de sortir un livre qui lui ressemble Je dirai malgré tout que cette vie fut belle aux éditions Gallimard, après être entré dans la prestigieuse collection La Pléiade en 2015, moins dit-on, pour ses talents littéraires que pour son entregent. Ce qui, au passage, n’a provoqué aucun tollé tant son autodérision était de nature à prendre de court les esprits chagrins. «Au moins, pour une fois, ils vont vendre leurs livres» en plaisantait-il l’an passé, évoquant son statut d’auteur de best-seller plus que de littérateur incontestable promis à la postérité.

Toujours coquet avec les femmes, prétendant que la sienne, Françoise, a eu énormément de patience, -ce qui sous-entendait des incartades-, mais ménageant également les séductions masculines puisqu’il a rappelé ces derniers temps à loisir ses amitiés homosexuelles, Jean d’Ormesson, au fond, n’a peut être qu’un seul défaut : celui de peiner à se faire des ennemis. «Je n’ai jamais détesté personne, sauf Hitler» se plait-il à rappeler. Le moraliste et essayiste du XVIIIe siècle Joseph Joubert a écrit: «Les Français naissent légers mais ils naissent modérés. Ils ont l’esprit leste, agréable et peu imposant. Parmi eux, les sages mêmes, dans leurs écrits, semblent être des jeunes hommes». À 90 ans, Jean d‘Ormesson, est le premier d’entre eux.

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